Fragments Biographiques
Études supérieures techniques et études d’architecture durant lesquelles je m’étais initié au graphisme, à l’affiche, à la sculpture et la peinture à l’huile – Ouf.
Dix années passées à l’étranger et trente six vies plus tard, retour en France. Nouveau cycle de trente six vies à peine plus tempérées que les précédentes, puis découverte et pratique récente donc tardive de la peinture acrylique.
La vie ayant été plus que généreuse en expériences multiples à mon endroit j’ai puisé l’essentiel de mon inspiration dans ce terreau abondant et fertile en recourant rarement à des imaginaires laborieusement construits où je me serais senti de toute manière simplement incommode.Peindre vrai. Cela dit, je voue une certaine admiration à tous ceux qui, dotés d’existences bien plus paisibles que la mienne, sont parvenus, au travers de leurs productions à me captiver et m’émouvoir.
Je produis des œuvres associées au vécu, à mon vécu, et c’est désireux de partager des émotions authentiques que je pars d’un vécu existant que je connais, le mien.
Procesus De Ma Pratique
L’événement déclencheur initial, sera ce phénomène extérieur à moi-même qui me marquera d’une façon ou d’une autre.
L’émotion ressentie, comme réaction due à la collision d’un événement récent avec un des épisodes de mon vécu, créera en moi une sorte d’écho.
L’inspiration , intellectualisera chez moi dans l’événement ce rapprochement entre le fond et sa forme sans forcément me donner lieu à une envie de fixer cette émotion dans une réalisation.
L’apparition parfois d’un état de grâce, d’un alignement improbable des planètes, de ce moment de plénitude uniquequi explose alors et s’impose à moi d’évidence dans l’objet de mon émotion au travers d’ une vision instantanée, complète, cohérente et multidimensionnelle.Partager ce moment avec d’autres s’impose alors comme une évidence.
Le croquis initial, prise de notes souvent réflexe faisant suite à l’état de grâce vécu qui impulsera la possibilité du partage de l’ émotion de ce moment magique.
L’inspiration en action, passé la phase de l’idée première arrêtée, le gros du travail ne fait que commencer. A ce moment ma tâche consistera, en partant de cette idée initiale, à élargir le propos de manière circulaire, à creuser le concept, à multiplier les points de vues, bref, à appréhender le sujet de manière divergente et exubérante. A ce stade les esquisses s’accumulent et je dois tenir jusqu’à faire apparaître de ces innombrables étincelles celle qui allumera le flambeau de cette version qui devra être pour moi ultimement parfaite.
La transpiration en action, Une fois la version dernière validée, de manière convergente cette fois-là dans une focalisation sur le but précis à atteindre l’ajustement du dessin se poursuivra, toujours sur croquis, par le réglage des proportions du motif par rapport au cadre dessiné ce qui déterminera les proportions du châssis à choisir, donc son type, et enfin sa taille, tout cela dans cet ordre. L’exécution suivra, toujours féconde en surprises.
Nota
Ce qui est merveilleux dans le long travail de dégrossissage et de polissage que j’effectue sur un sujet, c’est qu’à tout moment peut surgir sans crier gare l’accident heureux qui renouvellera cet état de grâce, différent de la révélation première car se produisant alors sous contrainte impromptue au hasard de ces étapes d’exécution.( à lire le processus de l’une de mes réalisations intitulée ” L’amour ne dure que …”. )
Deux des Principes Suivis
Principe de clarté
“Avant donc que d’écrire, apprenez à penser. Selon que notre idée est plus ou moins obscure, L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure. Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément.” (l’Art Poétique)
Boileau définit et applique à son écriture ce principe de clarté qui réclame malgré l’ apparence d’une simplicité facile, un effort conséquent et une grande discipline dans son exécution.
Lorsque je polis mon ouvrage, au-delà du plaisir intellectuel d’une présentation soignée de la forme qui vient s’inviter avec respect au sujet même, cet effort consenti est pour moi comme la signature d’une preuve d’honnêteté et de sincérité, qualités indispensables à un partage précieux d’émotions.
Je précise: Par malice ou paresse je pourrais être amené à confondre sciemment profondeur et obscurité et produire en quantité de l’aléatoire mystérieux et incompréhensible pour les autres et pour moi-même.
La clarté du propos que je m’impose dans mes tableaux a pour fonction de chasser l’inintelligible, le fumeux ou l’abscons. Elle demande par contre un gros effort. L’ effort consenti s’exerce dans le sens de l’émergence d’une transparence , transparence garante d’une certaine honnêteté. Cette honnêteté est gage d’un échange sincère avec l’autre et c’est cette sincérité que je recherche; quelque soit par ailleurs l’opinion portée sur l’œuvre. La non sincérité n’est qu’une tragique perte de temps.
Principe de parcimonie
La beauté se dissimule partout mais pour la débusquer un apprentissage parfois s’impose:
Considérons : e iπ+1=0
Cette formule mathématique d’Euler est tout simplement sublime. En sept signes elle concentre un maximum de notions fondamentales. Sans développer plus avant, sa beauté merveilleuse provient de sa compacité extrême. Dans mes réalisations, je travaille à supprimer le superflu pour ne tenter d’en tirer que l’essence. Cette caractéristique de ma pratique va à rebours de ce qui se fait communément ; j’élague, je simplifie, je concentre, tout cela pour enfin parvenir à l’ultime épisode d’une décantation qui me permettra d’extraire ce condensat que je fixerai définitivement sur la toile avec l’objectif affirmé de créer une réalisation percutante à entropie minimale.( il fallait que l’ingénieur en moi s’exprimât un peu lui aussi ).
Mon Attitude
Je revendique le fait d’ être un acteur responsable de ses propos et ainsi pouvoir proposer, sinon même imposer au public un premier regard par moi entièrement construit. Le tout laisser-faire et le tout laisser comprendre jetés en pâture au public, sonnent comme une démission, comme une fuite honteuse du créateur face à son œuvre non assumée. J’assume. Chacun est évidemment libre de signifier sa vision mais en deuxième lecture je pense, question d’ouverture et accessoirement de politesse; la première étant celle que propose le créateur.
Nota 1
L’éblouissement dû à la seule perfection que je qualifie d’artistique est rare et me fait rêver. Je songe par exemple à « La jeune fille à la perle » de Vermeer qui me produit toujours ce frisson. Par dépit peut être, en réaction sûrement, dans mes propositions picturales, je compense cette quête personnellement vaine d’un genre de Graal artistique par moi inatteignable par l’ adjonction dans mes réalisations plus modestes d’ éléments de domaines complémentaires tendant à élargir la palette des expériences de ce beau que je propose.
La difficulté de mon intention artistique réside dans le fait que mon propos, faisant appel à des domaines parfois étrangers au seul monde de l’art, réclame des éclaircissements pour qu’on en saisisse ses saveurs. Je conçois que l’émotion brute de la beauté ressentie au premier regard, celle qui ne demande pas d’ effort – ravisse. Mais à l’instar d’une récompense méritée et gagnée et non seulement trouvée ou offerte, le plaisir éprouvé est démultiplié à la mesure de l’effort consenti.
Si je ne rechigne jamais à expliquer mes tableaux c’est que je suis capable de justifier vraiment chacun de leurs fragments (composition, points, lignes, couleurs, …) et être en mesure de livrer quelques clefs de déchiffrement car le partage reste primordial.
Nota 2
Débutant persévérant jusqu’à ma fin, je continuerai à me former avec la même délectation je l’espère, jour après jour, sujet après sujet, tableau après tableau. J’ai toujours considéré chacune de mes œuvres comme devant mériter son traitement particulier, car écho de mon vécu singulier et par respect de ce vécu, chacun de mes tableaux est envisagé dès le départ comme un exercice unique réclamant à chaque fois une série de solutions spécifiques à appliquer, d’où cette diversité dans les résultats que je propose avec, pour inconvénient majeur selon beaucoup, de ne pouvoir réduire mon univers à deux ou trois tableaux-types le caractérisant dans son entier. Incidemment on comprendra bien que la notion de ” cote de l’artiste ” – évaluation moyenne d’un prix au mètre carré associé à une signature -appliquée à mon type de production – ne fait du tout pas pour moi sens.
Cela Dit
Par ailleurs et en manière de divertissement, j’entretiens mes facultés de “souplesse” ou de “lâcher-prise” en produisant à mes moments perdus, “en passant”, des quantités de “fantaisies dessinées” – (des centaines) dont j’ai fini par en garder sur conseil une partie ( voir site ).