L’amour ne dure que … “
Cristallisation
Je lis le roman « L’amour dure trois ans « de Beigbeder (1997).
J’observe dans la vie réelle la séparation d’un couple puis d’un deuxième autour de moi…
L’événement déclenchant
A l’issue d’une énième constatation du même phénomène je perçois un schéma qui, sans me sembler être général, me paraît correspondre quand même chez nous à une certaine réalité.
Affecté et triste un peu je décide de porter sur la toile le caractère éphémère de ces relations amoureuses.
Description du tableau – processus
Un couple au premier plan se regarde.
Ils se tiennent par les mains, les yeux dans les yeux.
L’homme assis, représenté de manière plus massive que la femme, a ses mains prises par les mains de celle-ci.
Le buste penché en avant il paraît s’opposer à cette sollicitation en inclinant sa tête en arrière.
Cette dernière, la tête penchée en avant par l’effort et le buste cambré en arrière, plus menue mais plus volontaire s’arc-boute pour amener physiquement et symboliquement son compagnon à ses raisons.
Comme fréquemment, elle décidera là du futur qu’elle donnera à leur relation.
Dans la lecture du tableau il faut remarquer que le temps suggéré s’écoule de bas en haut et non de gauche à droite comme selon le modèle occidental usuel.
Le motif joue lui-même entre la 2D et la 3D (repliement).
Le chemin de vie suggéré filant au loin, le foyer ou encore le toit sous lequel le couple se trouve, ces trois significations sont réunies dans cette forme triangulaire rappelant le panneau routier d’avertissement de danger, danger d’un risque d’échec inhérent à toute relation.
J’ai représenté la fin de leur parcours conjoint par le repliement de cette partie de leur progression commune.
Ce recroquevillement sur lui-même du chemin restant à faire avait été imaginé au départ d’une manière symétrique par rapport à leur chemin de vie.
Tout était propre et clair dans cette représentation.
Et pourtant j’étais insatisfait sans savoir pourquoi.
Quelque chose n’allait pas.
C’était trop parfait quelque part.
Très longue phase d’inconfort, de malaise même.
Et finalement la solution.La symétrie dans ma représentation de ce repliement symbolisait une situation en fait très particulière dans laquelle les torts de chacun seraient absolument équivalents: cas improbable dans la vraie vie.

Les torts ou les raisons n’étant jamais totalement partagés à égale importance des partis, la représentation que j’en faisais sur le tableau devait se traduire par un repliement symbolique préférentiel de ce chemin commun de la vie en direction d’un des deux bords.
Passer de ce cas particulier au cas général demandait simplement au motif de s’enrouler d’un côté ou de l’autre, de rompre cette symétrie, je tenais là ma généralisation.
Cet état de grâce est apparu dans la réalisation de ce tableau en toute fin, après cependant une série d’efforts visant à supprimer ce malaise qui m’avait perturbé un temps conséquent.
Dans d’autres projets, l’état de grâce surgit à différents stades, que ce soit au moment de l’inspiration ou en cours de réalisation au travers même d’une erreur créatrice, mais il apparaît toujours; ce qui me sidère à chaque fois.
Pour les couleurs
Le premier plan baigne dans une ambiance neutre, verte ici.
Puis dans la ” maison ” les couleurs réchauffées d’un foyer idéalement chaleureux apparaissent avec ce cœur rose violacé unissant les deux partenaires.
L’extérieur a des teintes plus froides car plus insécure.
(le tableau a été simplifié de toute sa partie pré-rencontre étudiée mais non représentée en définitive).
Au final
Le chemin à deux s’esquisse mais s’interrompt par démission ou dérapage d’un des deux.
Fin de l’aventure commune. Chacun poursuivra sa vie de son côté avec un retour à un état initial plus ou moins rapide ; long retour à gauche, retour beaucoup plus rapide à droite .
Le chemin non parcouru à deux restera esquissé en blanc; il ne sera plus écrit de manière commune à partir de ce dérapage.
Le ciel au lointain aura les teintes d’une fin, d’une fin de journée comme fin d’une histoire non aboutie.